"Au moins une fois par semaine, un enfant traverse une baie vitrée", un hôpital alerte sur la hausse des accidents domestiques

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La Fondation Lenval recommande de mettre des autocollants sur les baies vitrées pour les rendre plus visibles et éviter ainsi de graves accidents domestiques. (photo d'illustration) •© RICCARDO MILANI / HANS LUCAS / AFP

C'est un danger invisible, au cœur de nos foyers : les baies vitrées. Elles sont de plus en plus grandes, permettent le passage du salon au jardin, font entrer la lumière mais sont aussi devenues une source d'accidents.

Émilie André, orthopédiste à l'hôpital Lenval à Nice (Alpes-Maritimes) explique : "il y a 15 jours, un enfant a eu des blessures, de grosses lésions du bras avec des lésions sur les ligaments et les vaisseaux".

On a du mal à comprendre comment c'est possible... On ne sait pas comment la baie vitrée éclate, car ce n'est pas censé se casser. À chaque fois, ils passent à travers la baie vitrée, c'est vraiment des plaies profondes !

Émilie André, orthopédiste à l'hôpital Lenval de Nice

à France 3 Côte d'Azur

Un phénomène inquiétant, qui touche principalement les enfants et les adolescents, parfois avec des conséquences dramatiques. Face à cette hausse préoccupante des accidents “de baie vitrée” chez les jeunes, la Fondation Lenval a alerté sur son site internet dès le mois de juin.

Rien que le week-end du 7-8 juin, trois jeunes patients sont arrivés grièvement blessés aux urgences après avoir traversé une baie vitrée. Ces accidents, souvent évitables, peuvent entraîner des traumatismes sévères.

Professeure Virginie Rampal-Rocher, chirurgien orthopédique

sur le site internet de la Fondation Lenval

Des accidents domestiques de ce type, il y en aurait presque toutes les semaines depuis un an. "Au moins une fois par semaine, on a un enfant qui passe par une baie vitrée. C'est hyper régulier, j'ai des confrères qui en ont à Lyon également", complète Émilie André.

Ces accidents qui se produisent à la maison ou dans l'appartement familial ne font pas le sujet d'enquête. Mais les médecins identifient deux types de situation. Les adolescents, assez souvent des jeunes filles, qui se filment avec le téléphone portable pour poster leurs vidéos sur les réseaux sociaux. Ils reculent, ne regardent pas, concentrés sur leur écran, et passent à travers la fenêtre.

Pour les plus petits, âgés généralement de 6 à 8 ans, ils courent sans regarder où ils vont et percutent la baie vitrée qui explose. Elle se souvient de deux frères qui ont couru pour aller dans le jardin et ont traversé la vitre...

L'accident ne nécessite pas forcément d'aller au bloc opératoire. Les enfants ne passent qu'une nuit à l'hôpital mais, parfois, les blessures sont si graves qu'ils doivent rester au moins une semaine. Le haut du corps est particulièrement touché.

La professeure Virginie Rampal-Rocher explique l'étendue des lésions : "souvent, on constate des lésions aux mains ou aux avant-bras, mais aussi des lésions oculaires ou sur d’autres parties du corps qui peuvent être très à risques. On peut craindre des atteintes neurologiques, des hémorragies graves, la section de ligaments, de nerfs et le risque d’en ressortir avec un handicap est bien réel".

Après l'opération, la convalescence peut s'avérer longue, parfois un an, avec le risque de ne pas récupérer complètement l'usage des nerfs endommagés. "Les muscles, les tendons, c'est pas grave, mais les nerfs, on ne sait pas s'ils vont les récupérer ou pas", ajoute Émilie André.

Cette année, les médecins ont dû dire aux parents d'un petit garçon qu'il devrait certainement apprendre à écrire d'une autre main.

Les baies vitrées présentent un risque élevé lorsqu’elles ne sont pas clairement identifiables. Invisibles à la course ou lors de jeux intérieurs, elles peuvent être percutées de plein fouet. Comme la prévention reste la meilleure arme, la Fondation Lenval recommande :

• de rendre les vitres visibles en apposant des stickers, des bandes colorées ou des motifs à hauteur d’enfant sur les surfaces vitrées ;
• d'installer des films anticollision ou de sécurité (des dispositifs qui renforcent la vitre et limitent les bris dangereux) ;
• de sensibiliser les enfants et adolescents en rappelant régulièrement qu’une vitre, même propre, est une surface dure et dangereuse ;
• de privilégier le verre feuilleté (en cas de casse, ce type de verre limite les risques de coupures sévères) ;
• de surveiller les jeux actifs à proximité des vitres, surtout en période estivale où les portes-fenêtres restent ouvertes.

Pour les médecins, parents et enfants ne sont pas assez informés que ces immenses vitres peuvent représenter un danger.

Des accidents qui peuvent aussi toucher les adultes. La taille des baies vitrées, leur transparence et la distraction peuvent provoquer les mêmes effets pour les parents.

Selon la professeure Rampal-Rocher, "en parler, c’est déjà prévenir du risque, car ça n’arrive pas qu’aux autres et aussi apposer un autocollant peut éviter un passage au bloc. Nous devons adapter nos intérieurs en fonction des personnes qui y vivent. Ces surfaces vitrées sont trop souvent perçues comme inoffensives".

On estime que 2.000 accidents domestiques surviennent chaque jour en France chez les enfants de 0 à 6 ans. Selon une étude de l'Inserm, chaque année, il y a 550.000 consultations en médecine de ville liées à un accident de la vie courante chez les enfants de moins de 15 ans. Les chutes représentent la première cause d'accidents domestiques devant la noyade, la suffocation ou l'asphyxie, les accidents par le feu et les intoxications. Des accidents dramatiques souvent évitables.

article fr3 https://france3-regions.franceinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/nice/au-moins-une-fois-par-semaine-un-enfant-traverse-une-baie-vitree-un-hopital-alerte-sur-la-hausse-des-accidents-domestiques-3194613.html