"Tout le monde est un peu stupéfait" : menacé de 35 000 euros d'amende, Jean-Noël, le taxi qui ramène les fêtards sains et saufs, arrête son activité

Sur l'Ile d'Oléron, un taxi associatif assurait la sécurité des fêtards. La direction des transports terrestres a estimé qu'il s'agissait d'une concurrence déloyale avec les taxis. •© Augustin Guillot - France Télévisions

C'était le bon samaritain des fêtards. Sur l'île d'Oléron, Jean-Noël Delzenne va devoir cesser ses activités de taxi associatif sous peine d'amende. L'ancien chef de service d'un centre de soin et de prévention en addictologie avait une mission. À bord de sa voiture à l'allure de taxi anglais, il ramenait les gens sains et saufs après leurs soirées.

Jean-Noël Delzenne prenait soin des fêtards en leur assurant un retour à domicile sans risque. •© France 3 Poitou-Charentes

"Je me suis aperçu que beaucoup de jeunes prenaient leurs voitures en étant un peu alcoolisés. Le premier but de l'association, c'est donc de prendre des jeunes et des moins jeunes qui ont décidé de faire la fête, d'aller au restaurant et de boire un peu plus qu'il ne faut. La mission, c'est qu'ils ne prennent pas de risque et d'éviter des accidents avec d'autres personnes",explique-t-il, à bord de son véhicule, chapeau de cow-boy sur la tête.

Je ne suis pas taximan, je suis quelqu'un qui veut protéger la population des conduites à risque.

Jean-Noël Delzenne

Taxi associatif

Le taxi "so british" de Jean-Noël était bien connu des Oléronnais. •© France 3 Poitou-Charentes

Sur l'île, tout le monde connaît Jean-Noël, dépeint comme charmant par ses clients, et son taxi associatif. Mais aujourd'hui, l'histoire se termine. Dominique Chevrier, patron du bistrot La Gourgale, ne comprend pas cette décision. "Tout le monde est un peu stupéfait de ce qu'il s'est passé, témoigne-t-il. On avait tous plus ou moins financé cette idée-là, entre les commerçants."

Après plus d'un an d'exercice en saison, le célèbre véhicule et son chauffeur n'ont plus le droit de transporter de passagers. La direction des transports terrestres a tranché. "Ils étaient trois et m'ont dit que je faisais quelque chose d'illégal, que je faisais de la concurrence déloyale vis-à-vis des taxis parce que je n'avais pas de licence" , raconte Jean-Noël.

Ils m'ont dit que j'étais passible de 35 000 euros d'amende, de la prison et la confiscation des taxis.

Jean-Noël Delzenne

Taxi associatif

Pourtant, pas de tarifs fixes : les passagers donnaient ce qu'ils voulaient. Aucun but lucratif donc, juste l'entretien du véhicule. Le reste était versé à des associations qui luttent contre les violences routières. "Il communique par rapport à l'alcool, il est très médiateur, très calme. Il fait un super boulot, c'est génial ce qu'il fait",souligne Laurence, commerçante et cliente du taxi depuis le début de son existence.

L'équipe de journalistes qui a rencontré Jean-Noël a tenté de joindre les trois compagnies de taxi présentes sur l'île d'Oléron, sans succès. Selon Jean-Noël, ils sont à l'origine de ce coup d'arrêt. "Ils ont leur métier, que je respecte d'ailleurs, car ils conduisent pas mal les gens au niveau médical, ça, c'est leur rôle, ce n’est pas le mien", explique le chauffeur.

Aujourd'hui, l'association cherche une solution avec un changement de statut juridique pour pouvoir reprendre la route et poursuivre sa mission contre les violences routières et l'alcool au volant.

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