Fête de la musique 2025. Le rassemblement festif gâché par plusieurs agressions à la piqûre à Limoges, "ça craint, on part d'ici"

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Une fête de la musique festive comme sur cette illustration à Brive, ce samedi soir 21 juin. En revanche, la fête a été gâchée par des agressions autour de la place de la République à Limoges. •© France Télévisions - France 3 Limousin

Alors que la fête de la musique battait son plein dans la bonne humeur dans plusieurs quartiers de Limoges, un ou plusieurs agresseurs ont provoqué stupeur et panique, notamment autour de la place de la République quand la nuit est tombée. Les secouristes de la Protection civile, pompiers et police n'ont eu de cesse d'intervenir entre 22 h 30 et 3 heures du matin. De jeunes témoins racontent.

Ils attendaient avec joie cette fête de la musique. Théo et Chloé, comme beaucoup de jeunes, se sont rendus avec leurs amis dans les rues de Limoges, pour passer d'un groupe de musique à l'autre. Et l'ambiance était festive. Mais arrivés vers la place de la République, ils ont été choqués par des scènes qu'ils auraient préféré ne pas voir.

Théo, seize ans, était au téléphone, un peu à l'écart, en train de rassurer son père pour lui dire que tout allait bien depuis le début de la soirée avec ses amis, quand justement, l'un d'eux s'est précipité vers lui pour lui demander de partir "ça craint, vient, on part d'ici", lui a-t-il lancé. C'est alors qu'en se retournant, il a vu des secouristes arriver.

Je vois un brancard et des secouristes avec un homme sur le brancard et des filles, peut-être deux ou trois, qui se font relever par leurs amis, et des cris qui se mêlaient à la musique...

Théo - 16 ans

place de la République à Limoges ce samedi, vers 22h30

Choqué, il décide de s'éloigner de la place pour rejoindre le lycée Limosin, place d'Aine, où il y avait moins de monde. "J’ai pris peur sur le coup, c'est pas normal de voir ça, ça gâche la fête, on est partis du coup."

Théo confie qu'il avait vu passer des messages sur les réseaux sociaux qui incitaient à la prudence. Des messages qui n'existent plus aujourd'hui, mais il se souvient d'avoir lu "attention, des personnes malveillantes peuvent débarquer et vous piquer, faites attention, ils s’apprêtent à droguer et à piquer à la fête de la musique à Limoges…"

Dans un autre groupe, Chloé a également assisté aux interventions répétées des secouristes de la Protection civile. Elle rapporte qu'elle était aux côtés d'un poste avec ses amies. "Ils partaient toutes les dix minutes à peu près, et un moment, on faisait des allers-retours entre la place de la République et les rues autour et à chaque fois quand on revenait, il y avait des policiers et les secours qui continuaient d'intervenir. On les voyait courir, on a vu aussi des jeunes filles assises dans le poste comme si on leur posait des questions".

À la tombée de la nuit vers 22h, j’ai vu une fille tombée par terre, j’ai une copine qui m'a dit avoir vu un groupe de garçons de 17-18 ans s’échanger des seringues et partir en courant.

Chloé -15 ans

Place de la République à Limoges, ce samedi 21 juin 2025

Tout comme Théo, Chloé dit ne pas avoir été vraiment surprise de constater cette situation, car depuis deux ou trois jours, elle voyait passer sur les réseaux sociaux des messages qui avertissaient que ça allait se passer, et ce qu'on appelle désormais depuis quelques années "un challenge piqûre".  Elle n'a pas eu idée d'en avertir ses parents, seulement de s'en éloigner. "Je savais très bien qu'il pouvait y avoir, c’est pour ça qu’on y est allées plus tôt, vers 19 h 30, c’est dès qu’il a fait nuit, il y a eu plus de monde que ça a commencé". C'est quand elle a reçu un appel de sa mère qu'elle a confirmé qu'elles quittaient le centre-ville, parce qu'elle et ses amies ne se sentaient plus en sécurité. 

Vous imaginez ce qu’on peut ressentir quand, au milieu de la fête, on reçoit un appel de son enfant qui dit, on vient de partir de la place de la Rép car ça craint, c’est dangereux, y a des gens à terre et des secouristes qui sont là.

Maman de Chloé

Présente dans une des rues de Limoges pendant la fête de la musique ce samedi

Les agressions semblent avoir débuté à la tombée de la nuit, vers 22h.

Selon des témoignages, des groupes de garçons, habillés de sombre et masqués, attaquaient des personnes par-derrière et frappaient dans le dos, ou au niveau des fesses, avant de se fondre aussitôt dans la foule. Selon les témoignages, les personnes titubaient ou tombaient aussitôt. 

Le CODIS 87 dit avoir reçu plus de 250 appels entre 22h et 7h ce matin, tous types d'interventions confondus. Les équipes secouristes de la protection civile ont demandé des renforts au cours de la nuit. Un important dispositif de police, tant nationale que municipale, avait été déployé sur tout le centre-ville et nombre d'entre eux sont intervenus sur ces agressions.

Le bilan n'est pas encore officiellement connu, les interventions sont remontées auprès de la Préfecture qui confirme les multiples signalements, mais renvoie vers le parquet de Limoges ce dimanche. De son côté, la mairie a eu connaissance, à ce stade, de douze à vingt signalements, place de la République et confirme la mobilisation de la police municipale. Selon une source police, des signalements sont également à noter boulevard de la Corderie.

Mais on parle déjà de situation inédite, de volumes hors normes. Des agressions par piqûre de seringue, sans qu'il puisse être affirmé si elles contenaient du produit ou pas.

Mais même vides, ces piqûres peuvent représenter un risque si elles sont utilisées d'une personne à l'autre.

Jean-François Cueille

Président de la protection civile 87

La protection civile 87 déplore, par ailleurs, l'agression de l'un de ses 40 secouristes déployés pour la fête de la musique. Une agression qui a justifié aussitôt un dépôt de plainte. Le président de la protection civile souligne qu'une bonne collaboration entre services (police nationale, police municipale, Samu et pompiers) a permis des prises en charge et des évacuations rapides.

Contacté, le parquet de Limoges indiquait, à la mi-journée, qu'il n'avait pas connaissance de plaintes de victime à cette heure, mais que la situation pouvait évoluer dans les prochains jours.

Dans la nuit, en France, 145 victimes de piqûres se sont manifestées, a précisé le ministère de l'Intérieur. Douze personnes, soupçonnées d'être les auteurs de piqûres, ont été interpellées.

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