Depuis deux ans, le nouveau système de traitement des déchets fait polémique en Dordogne. Entre surcoût, révolte des usagers et contraintes environnementales, le problème risque de durer encore longtemps.
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Dernière mise à jour :
08.11.2025
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Depuis deux ans, le nouveau système de traitement des déchets fait polémique en Dordogne. Entre surcoût, révolte des usagers et contraintes environnementales, le problème risque de durer encore longtemps.
En 2023, après des mois de cafouillage, le SMD3 qui gère les déchets en Dordogne a commencé à déployer son nouveau mode de fonctionnement. Une petite révolution. Remplacement progressif de la collecte des ordures en porte-à-porte par des "Points d'Apports Volontaires", mise en place de cartes magnétiques individuelles pour contrôler l'accès aux bornes de sacs noirs, et instauration d'une redevance incitative.
140 000 foyers périgourdins doivent désormais déposer leurs poubelles dans ces conteneurs sécurisés, disséminés en grand nombre partout sur le territoire. Libres d'ouverture pour les déchets recyclables, les conteneurs pour sacs noirs de déchets ultimes sont équipés de lecteurs de cartes magnétiques. Chaque foyer paye une somme forfaitaire indexée sur le nombre d'occupants. Le forfait donne droit à un nombre limité d'ouvertures mensuelles, les dépôts excédentaires sont surtaxés.
Débuts chaotiques
Un système qui n'a jamais pris. "On ne sait jamais où on doit mettre les poubelles. Autrefois, c'était assez clair, à présent je ne sais pas..." constate, désemparé, cet habitant devant une borne. L'objet, il est vrai, est un peu récalcitrant. Nombre de Périgourdins boudent. Ils ne prennent pas leur carte magnétique ou ne l'utilisent pas, râlent contre l'arrêt de la collecte des déchets en porte-à-porte et s'ils acceptent de se déplacer pour leurs déchets, ils les déposent en vrac. Environ 10 % des sacs noirs de Dordogne sont balancés sauvagement devant les conteneurs... ou ailleurs. Conséquence, des montagnes de poubelles, des rats qui prolifèrent, des réseaux sociaux qui s'enflamment, et une image désastreuse pour le département rural le plus touristique de France.
Sous haute surveillance
Dans le petit village de Saint-Géraud-de-Corps, 220 habitants, pas une canette ou un papier gras sur le sol de la place bitumée. Et pour cause, l'espace des poubelles a des allures de camp retranché. Espace grillagé d'un mètre cinquante, caméras de surveillance sur les pylônes, accès par badge : Thierry Boidé, maire du village, assume. "C'est la sécurité. Là, si je commets une incivilité, il y a la caméra : si on voit qu'il y a des sacs qui sont restés, on sait que moi, je suis rentré à telle heure." Sa mairie a déployé les grands moyens : 41 000 euros pour garantir une propreté irréprochable autour de ses Points d'Apport Volontaires.
Fouilles de sacs
Tout le monde n'a pas ces moyens, ou cette volonté. Alors le SMD3, Syndicat Mixte des Déchets de la Dordogne pose lui aussi des caméras, et envoie parfois sa "brigade des incivilités" sur place. "C'est pas une belle image qu'on donne, de mettre les sacs au pied des bornes, surtout quand il y a la possibilité d'accéder au système, c'est encore plus rageant ! "se désole l'agent de service ce jour-là. Les gardes assermentés constatent, photographient et fouillent les sacs, à la recherche d'indices probants. S'ils arrivent à dénicher une adresse dans les déchets, ils retrouvent le contrevenant qui risque jusqu'à 128 euros d'amende.
Déchets chers
L'objectif du SMD3 était de réduire considérablement la quantité de déchets ultimes en favorisant le recyclage et le compostage. Pour une raison simple : faute d'incinérateur sur le territoire, les déchets ultimes s'entassent dans une décharge à ciel ouvert. À Saint-Laurent-des-Hommes, entre Mussidan et Montpon-Menestérol, un immense terrain de 33 hectares reçoit chaque jour ses milliers de tonnes de déchets. Or, depuis 2021, la fiscalité des déchets en France a évolué. Les tonnages mis dans des déchetteries à ciel ouvert, plus polluantes, sont surtaxés.
Tout le monde croit qu'on s'est levés un matin en voulant emm... le monde ! On se bat pour l'environnement, on se bat pas pour emm... le monde !
Pascal ProtanoPrésident du SMD3 de la Dordogne
Et l'objectif semble à portée de main. "Depuis la redevance incitative on a diminué de 40 % ce qui arrive ici, se félicite Pascal Protano, président du SMD3, devant la montagne de déchets. La seule façon de réduire c'était de toucher les gens au porte-monnaie en leur disant attention, si vous ne triez pas, vous allez payer plus."
Odeurs de poubelle
Alors, pourquoi en est-on arrivé à un tel bras de fer, dans un département peu réputé pour son esprit contestataire ? Même parmi les plus fervents défenseurs de l'environnement, la méthode SMD3 ne soulève pas l'enthousiasme. Dans son appartement de Périgueux, Hélène fait son tri. Elle a droit à 16 ouvertures de bac pour sacs noirs dans l'année. Puisqu'il faut regrouper les sacs pour limiter les passages au conteneur, les déchets s'accumulent dans l'appartement ou sur le balcon, selon la saison. "L'hiver ça nous gêne moins, donc on le laisse, mais l'été, avec les odeurs, on est obligés de le laisser là," explique-t-elle en vidant cette fois son sac dans une petite poubelle improvisée sur la terrasse.
On serre un peu les dents, parce que quand on voit qu'on peut pas jeter les poubelles aussi souvent qu'on veut, qu'on ne peut pas y accéder, la facture est un peu salée !
Hélène RusterholtzHabitante de Périgueux
Les poubelles de France en colère
Regroupés en associations de mécontents, les usagers de Dordogne réclament un retour au système précédent. Ils se sentent d'autant plus légitimes qu'ils ont des homologues un peu partout dans l'hexagone. Ce jour-là leurs représentants tenaient leur réunion annuelle à Bergerac. "Nous, on pensait que c'était que chez nous qu'on n'avait pas posés de questions aux usagers, mais non. À chaque fois qu'on rencontre une autre association, une autre collectivité, c'est le même discours : aucune concertation !", s'indigne Jean-Pierre Demarchez de l'Association Contre la Redevance Punitive de Vendée.
"Nous sommes mécontents. C'est évident que la collecte des ordures ménagères est un service public, doit rester un service public, et qu'on est en train de glisser vers un système qui est discriminant" martèle Monique Peynaud du collectif d'opposants du Lot-et-Garonne. Le mécontentement qui unit ces producteurs de déchets de tous les horizons, doit aboutir à un manifeste collectif adressé au Gouvernement.
Incitation contreproductive
L'incitation de trier ne se fait plus. Donc je ne vois pas pourquoi je devrais payer plus cher pour un service que je n'ai plus.
John Lemarchandtrésorier de l'association des opposants de Dordogne
Il y a aussi l'impression d'un "racket" injuste. Le forfait oblige à payer beaucoup même si l'on fait l'effort de produire moins de déchets que prévu. "Plus je trie, plus je paye. Ce qui est appliqué chez nous c'est du punitif de toute façon, quoi que vous fassiez", fustige Florence Poumarède, présidente de l'Association des Mécontents de la Collecte des Déchets en Dordogne. "Ça n'encourage pas les gens à faire des efforts, ça les encourage à faire l'inverse de ce qu'il faudrait parce qu'à un moment, comme ils le disent, on en a marre d'être pris pour des imbéciles". C'est ce qui a poussé 500 usagers, dont le trésorier de l'association John Lemarchand, à cesser de payer sa redevance. La contestation est tout à fait légale, assure-t-il. Pour lui, il ne s'agit pas du coût, mais de l'incitation au tri qui n'existe plus, alors que les tarifs ont augmenté. Le surcoût et la perte de service ont fait l'objet d'une plainte auprès du tribunal administratif de Bordeaux. L'association périgourdine a été déboutée, mais elle fait appel.
Plus vous avez une grande maison, plus vous payez de poubelles, même si vous n'en faites pas. On a ce qu'on appelle des points d'apport volontaire et des gens en situation de handicap, comme moi, ne peuvent pas y aller.
Frédéric PlottinAssociation Mordicus - Ardèche
Pas de retour en arrière possible
Même conscient des problèmes de mise en place, le SMD3 exclut tout retour en arrière. "Ça coûterait un argent fou que le contribuable paierait, et on augmenterait la redevance incitative. Les camions de porte-à-porte je ne les ai plus, il faudrait que j'achète 70 à 80 camions, et un camion c'est 300 000 euros" balaie définitivement Pascal Protano.
Le privé à l'affût
Face à la complexité de la situation, et au surcoût imposé par le SMD3, certains gros producteurs de déchets se tournent vers le privé, tout disposé à rafler ce nouveau marché juteux. Dans cet Ehpad de Bergerac, deux fois par semaine, c'est désormais le privé Veolia qui acheminera les poubelles vers la déchetterie locale. Tout cela parce qu'en 2025, le SMD3 avait prévu d'augmenter sa facture de 100 000 euros. "Moi je me considère comme gestionnaire aussi. Comment voulez-vous que j'impute ça sur un budget ? Ça a été trop violent aussi pour qu'on puisse le provisionner dans les années qui viennent," explique Sylvain Connangle, le directeur de l'établissement.
Cette violence n'a pas été accompagnée de pédagogie, d'accompagnement pour qu'on se prépare, tout simplement
Sylvain ConnangleDirecteur de l'Ehpad de la Madeleine, Bergerac
Une solution que pourraient envisager d'autres entreprises productrices de déchets. "En ce moment, on a beaucoup de consultations en cours", confirme Patrick Quercy, de Veolia. "Je pense qu'ils veulent faire jouer la concurrence, et ils nous demandent de leur remettre un prix."
Poubelles de table
Dans l'Ehpad de La Madeleine, la recherche d'économie de frais de poubelle est une vieille habitude. En 2012, l'établissement avait été le premier à installer un composteur pour ses déchets organiques, notamment de cuisine. Moins de redevances, et moins 20 à 30 % de quantité de déchets, assure Sylvain Connangle. "On était à peu près sur 60 tonnes de déchets alimentaires sur l'année, on est réduit maintenant à 25, 26 tonnes" confirme Bruno Climent, directeur des services de l'Ehpad. La réduction des déchets à enfouir, par le compostage ou le recyclage, c'est une partie de l'équation pour les Périgourdins. Mais à défaut d'un incinérateur ou de solutions pour l'instant encore inédites, ils devront bien supporter des années encore le prix de la mise en décharge à ciel ouvert de leurs poubelles.
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