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En pondant leurs œufs dans les larves des pyrales, un papillon qui fait des dégâts dans les champs, les trichogrammes sont de précieux alliés pour les agriculteurs. Exemple à Castillon (Calvados), dans les champs de maïs de Guillaume Chicot, éleveur laitier.

Des insectes qui tuent d’autres… insectes. Avec les trichogrammes, petites guêpes de moins d’un demi-millimètre de long, Guillaume Chicot éleveur laitier à Castillon (Calvados), pense avoir trouvé la parade à la pyrale, un papillon qui endommage ses champs de maïs.

En pondant leurs œufs dans les larves des pyrales, les trichogrammes bloquent la naissance des ravageurs. « C’est la première fois qu’on compte autant de pyrales dans le Bessin (à l’ouest du Calvados). H abituellement, elles ne dépassaient pas le nord de la Mayenne » , explique le jeune agriculteur qui exploite, avec sa mère, 45 ha de maïs (sur 120 ha de terres) pour nourrir ses 80 vaches laitières.

« Les larves perforent la tige de maïs et la détruisent de l’intérieur. La plante se casse. Les champignons se développent. » Le rendement de la culture est altéré. Et ce n’est pas tout : « J’ai retrouvé des mycotoxines dans la ration de maïs donnée aux vaches. Elles déclenchent ensuite des mammites. » Et la qualité du lait se dégrade.

Le 28 juin, plutôt que de recourir à un insecticide de synthèse, Guillaume Chicot a posé des petites boîtes remplies de trichogrammes dans 16 ha de maïs. Tous les vingt mètres. Soit 240 000 micro-guêpes à l’hectare. De la taille d’une carte de crédit, les diffuseurs, biodégradables, sont accrochés à la plante. Deux plaques de carton collées l’une contre l’autre renferment sept générations de trichogrammes, « d es adultes prêts à sortir et des œufs à différents stades qui éclosent tous les deux jours. » Les insectes « tueurs » (qui se nourrissent du miellat de pucerons) s’échappent par la tranche du diffuseur, percée de minuscules trous. Pour trois semaines à pondre des œufs dans les larves de pyrale. Généralement de la fin juin à mi-juillet. « Lorsqu’on voit une chenille, on sait que le papillon va voler dans les dix jours et donc pondre » , explique Sébastien Rousselle, de Bioline, une société de biocontrôle.

En Allemagne, les trichogrammes sont déployés sur 20 % des surfaces de maïs traitées contre la pyrale, selon l’association française de produits de biocontrôle (IBMA) qui regroupe une trentaine de sociétés. Mais en France, le biocontrôle de la pyrale du maïs, lancé depuis plus de vingt ans, n’est encore utilisé que sur moins de 10 % des surfaces de maïs-grain (environ 120 000 ha).

Le biocontrôle ne pèse que 5 % du marché de la protection des plantes, dominé par les fongicides, pesticides et autres insecticides. L’IBMA se fixe un objectif de 15 % d’ici 2025. Pas impossible. Le nombre des autorisations de mise sur le marché (AMM) des produits de biocontrôle s’est élevé à 400 l’an dernier en France, soit 20 % du total des AMM prononcées pour des produits phytosanitaires.

Dans le Bessin, la ferme de Guillaume Chicot est l’une des rares à tenter l’expérience du biocontrôle. Pour innover mais aussi pour une question économique. « Ça me revient à 35 € par hectare, ce n’est pas trop coûteux. Si ça marche bien, je généraliserai l’expérience à toutes mes parcelles » , conclut l’éleveur.