"Maintenir le goût du livre" : du roman au manga, on célèbre la lecture au festival Lire en Poche

Chaque année, le festival Lire en poche de Gradignan rassemble près de 30.000 visiteurs. •© France 3 Aquitaine

S'il est un objet qui n'est pas anodin, c'est bien le livre de poche. D'ailleurs, un livre de poche n'est-il pas plus qu'un simple objet ? Il renferme une histoire, une pensée, la même que celle que l'on pourrait lire sur des livres précieux, rares et chers.

Le livre de poche est par essence le compagnon idéal des vacances nomades. •© France 3 Aquitaine

Et c'est justement son format qui le rend si politiquement engagé : le livre de poche est une des idées les plus efficaces pour rendre la culture accessible au plus grand nombre. Un acte citoyen que l'on peut mettre dans sa poche.

Et les festivaliers de Lire en poche ne s'y trompent pas : voilà vingt ans que, de plus en plus nombreux, ils prennent la direction du parc Mondavit de Gradignan, un certain week-end d'octobre.

Retour sur ce phénomène avec Lionel Destremau, commissaire général du Salon Lire en Poche de Gradignan. 

Lionel Destremau, commissaire général du festival Lire en poche. •© France 3 Aquitaine

Progressivement, d’année en année, la manifestation a grandi.

Elle n’accueille pas plus d’auteurs, puisque le nombre d’invités reste volontairement stable, autour d’une centaine chaque année, français et étrangers.

En revanche, elle propose davantage de rencontres, d’animations, d’ateliers et de spectacles. L’objectif est d’offrir aux auteurs et aux illustrateurs des espaces variés pour présenter leur œuvre, et aux lecteurs et lectrices un plus grand nombre de rendez-vous.

Il y a eu aussi une forte évolution du travail mené auprès des publics jeunesse et scolaires, à la fois pour maintenir et développer le caractère familial et convivial du salon durant le week-end, et pour soutenir le livre et la lecture dans le cadre de l'éducation des plus jeunes.

Lionel Destrumeau

Auteur et éditeur, Commissaire général de Lire en Poche

Cela fait partie de l’ADN de la manifestation : développer, transmettre, maintenir le goût du livre et de la lecture auprès d’un public le plus diversifié possible.

C’est pourquoi la programmation essaie de s’attacher à de nombreux genres littéraires. La littérature générale et la jeunesse, bien évidemment, mais aussi les littératures de genre (policier, imaginaire, romance, terroir…), le manga, les essais, etc.

L’idée est aussi d’inviter des auteurs et des illustrateurs qui s’adressent à tous les publics : des lecteurs très exigeants aux lecteurs ponctuels, des grands curieux de littérature qui touchent à tout, à ceux qui ne sont intéressés que par un type d’ouvrage en particulier. Cela va des jeunes enfants aux adolescents et jeunes adultes.

Le format du poche, mais aussi son prix et la diversité des collections ouvrant à tous les domaines et sujets, contribue bien sûr à renforcer cette accessibilité pour le plus grand nombre.

Le festival Lire en poche est l'occasion aussi d'une rencontre avec les auteurs. •© France 3 Aquitaine

La projection n’est pas aisée, surtout en ce moment. Les études sur la lecture, qui a tendance à régresser dans la population française, incitent à la prudence quant à l’avenir.

Cependant, avec le jeune public, on note toujours autant de plaisir et d’envie. Cela vaut pour l’objet livre, pour les histoires imaginées, dessinées, etc... Nous travaillons justement aujourd’hui dans cette idée : maintenir le plus vif possible ce désir de livre auprès de ceux qui seront les lecteurs adultes de demain.

Les manifestations autour du livre continuent de bien fonctionner auprès du public, qui vient en nombre. Nous avons d’ailleurs constaté que ce public est de plus en plus fidèle. Il revient régulièrement au salon, lequel est devenu un événement attendu.

Le salon lui-même ne devrait donc pas manquer de visiteurs, ni d’auteurs dans les années à venir. Il devrait continuer à être un rendez-vous important parmi les manifestations littéraires. D’autant que le livre au format poche n’est pas près de disparaître !

Peut-être, si cela est envisageable, que l’évolution du salon d’ici vingt ans sera plus tournée vers d’autres rendez-vous à l’année. Et non plus centrée principalement sur le temps fort du second week-end d’octobre. Cela permettrait d’aller vers le public en multipliant les temps de rencontres avant et après la manifestation.

S’immerger dans un livre de poche au festival Lire en Poche, c’est se donner un moment de pause pour soi. •© France 3 Aquitaine

Difficile de donner un seul nom parmi tous ceux et toutes celles venu.es au salon, en particulier parmi les invités français. Alors je vais simplifier en choisissant deux étrangers.

Un auteur très populaire, Harlan Coben, a montré tout son professionnalisme à l’américaine. Il a respecté strictement son agenda, joué le jeu du parrain et est resté très accessible et ouvert au public venu l’entendre et le voir.

Et puis un auteur venu plusieurs fois au salon, dans des conditions qui ont changé au fil du temps pour lui : l’Ukrainien Andreï Kourkov. Son œuvre de fiction a fait place à des ouvrages plus engagés, des témoignages consacrés à son pays en guerre. Il multiplie aujourd’hui les rencontres en Europe pour continuer d’informer et de soutenir son peuple.

Lire en poche, c'est aussi l'occasion de découvrir de nouveaux styles et de nouveaux auteurs à travers une sélection exigeante et surprenante. •© France 3 Aquitaine

À titre purement personnel, parce que j'apprécie cet auteur que je lis depuis des années, j'aurais aimé recevoir un jour l'auteur de romans noirs américain James Lee Burke. Mais celui-ci est assez âgé désormais et il ne prend pas l'avion, ce qui rend inenvisageable sa venue !

Une autre autrice américaine serait pour moi une belle invitation au salon : Louise Erdrich.

Ensuite, il y a des auteurs déjà invités par le passé mais qui n'étaient pas disponibles, et que nous aimerions pouvoir faire rencontrer le public, par exemple Amin Maalouf, l'espagnol Antonio Munoz Molina ou l'irlandais Paul Lynch.

Je cite principalement des auteurs étrangers, parce qu'ils sont souvent moins fréquemment en France dans diverses manifestations, et qu'il est parfois un peu exceptionnel de pouvoir les accueillir.

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